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Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre...

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Inari
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MessageSujet: Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... EmptyDim 15 Fév - 2:07



INARI


NOM : Aucun. Sa mère – une religieuse – brisa ses vœux pour le mettre au monde. Une prophétie (ou une rumeur populaire, peu importe) l'avertit que les dieux s'apprêtaient déjà à venger la honte qu'elle leur avait infligée, mais en s'attaquant à sa progéniture. Elle ne lui donna donc aucun nom, aucune racine, pas même un bijoux, de peur qu'on ne le retrouve un jour.

PRÉNOM : Inari. Il est de tradition que les moines reçoivent tous un pseudonyme lié à une divinité. Comme le garçon avait déjà reçu le nom du kami des rizières, on lui laissa la seule marque qui le liât jamais à un passé.

SURNOM : Le Mutilé d'Oni, parce qu'il reçut de sévères blessures à la bataille qui porte le même nom, et où il s'illustra par son courage.

ÂGE : Né avec le siècle, mais sans autre précision.

SEXE : Masculin.

VILLAGE : Konoha – Quoiqu'il n'ait aucune attache particulière avec ce village, et se considère d'avantage comme le membre d'un ordre monastique que comme le membre d'une nation.

RANG : S – Par ailleurs, Inari occupe le plus haut rang de la hiérarchie d'une secte politico-shintoïste de plus en plus influente dans le pays, en particulier auprès de la féodalité conservatrice. Par ailleurs, il a anciennement été le protecteur du Daimyo de Hi.

NINDÔ : « Voir ma mère ».

AFFINITÉ : Katon.

SPÉCIALITÉS : Ninjutsu (Katon) – Fuinjutsu.
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« Un rideau jeté sur des plaies »

      Homme stoïque, pareil à la roche, inamovible et sans émotions, nul n'a accès aux parts secrètes de son âme, et son visage, semblant anesthésié tant ses sentiments ou ses pensées n'étirent pas ses traits, donne à son caractère un masque qui ne paraît pas l'être ; contradiction qui résume le personnage, car quiconque l'aurait assez pratiqué serait tout aussi incapable qu'un passant de dire s'il s'agit là d'une apparence fausse ou sincère. Quoique sage, Inari n'en reste pas moins un moine aigri, âpre et économe dans ses paroles ; ses phrases jaillissent et piquent comme des dards ; mais toujours animé par le souci de ne parler que pour résoudre des problèmes, et de laisser à ses disciples le soin de réfléchir par eux-mêmes, il se tait la plupart du temps ; aussi bien parce qu'il est moine que par prudence.

      Auteur d'une thèse de 900 pages intitulée « Tracé et symbolisme du Fuinjutsu au VIIème siècle », Inari appartient au petit nombre des savants du monde ninja, ayant bénéficié d'une éducation princière grâce aux bienfaits de son protecteur, membre de la petite noblesse provinciale de Hi. Aussi peut-il bavarder autant d'histoire que de poésie ou d'arts ; son érudition lui permet de maquiller ses avis, de gagner l'amitié sinon l'admiration de ses interlocuteurs, de donner à son éloquence des ornements brillants. De même, ses nombreux voyages lui permirent également de parler une quinzaine de langues dont plusieurs anciennes grâces auxquelles il a accès à des archives et témoignages venus du fond des temps.

      Politiquement, Inari ne se sent pas plus de liens avec Konoha qu'avec le pays le plus éloigné de la terre ; il appartient au monde des moines et des kamis, qui n'ont pas de nationalités. Le vieillard ne voit en Konoha qu'un moyen d'accéder à ses véritables objectifs : réunir la société humaine autour des valeurs religieuses ; que le plus petit village jusqu'au palais le plus important soit structuré autour du monastère et non plus de l'administration, que les lois politiques soient soumises aux lois monastiques ; bref, que le sceptre du seigneur, le pinceau du législateur et le marteau du magistrat appartiennent aux hommes inspirés par les dieux. Aussi désire-t-il internationaliser son ordre, trouver des agents et des mains aux quatre coins du monde, à Konoha comme à Kiri – et les questions internationales, si elles ne lui sont d'aucun intérêt, importent peu.

      Là réside le paradoxe le plus profond – et pourtant paradoxe fondateur – de la personnalité d'Inari : quand bien même il appartient au monde ninja et maîtrise le Katon, il y voit un malheur pour le genre humain, une pratique appartenant aux dieux, et aux dieux seuls ; selon Inari, nul, sinon un moine, ne pourrait bénéficier du pouvoir dérobé à la nature. Ainsi voient-ils les Bijuus comme des dieux ; et lorsqu'il eut à capturer Kyuubi, il batailla longuement afin qu'on bâtisse un temple et non une prison au Kyuubi : les kamis se prient et ne se transforment pas en armes de destruction massive. Il voue donc une haine grandissante pour les hôtes ; non pas parce qu'ils renferment un monstre, mais parce qu'ils renferment un dieu, un principe divin qui ne peut être réduit à un homme.

      Pourtant, il y a en Inari une part d'humanité sincère, si sincère d'ailleurs qu'elle motive grandement sa radicalité. Se sentant tributaire des kamis de par sa naissance maudite, le vieil homme se voit comme une victime, sans cesse punie par la providence, et ayant des dettes à absoudre. De là viennent son engagement politique ou l'endurcissement de son âme ; de là viennent ses objectifs et ses volontés de mettre en place une nouvelle société. L'absence de sa mère, la disparition de la femme qui gouverna son cœur, la mort de ses disciples et de ses amis les plus proches sont autant de blessures que son comportement tend à diminuer. En bref, tout son caractère, toute sa personne n'est rien de plus qu'un rideau jeté sur des plaies.


 





Histoire d'une virgule

      La première fois que la prophétesse apparut, avec sa peau de parchemin, ses yeux éteints, ses lèvres dentelées comme une muraille de sable, ses rides semblables à des cicatrices encore sanglantes et la fourrure effrayante qui lui couvrait les épaules, la population lui jeta de la boue – parce qu'elle annonçait un malheur prochain d'une voix rocailleuse – pareille à la musique sinistre qui surgit lorsque le vent s'agite dans les ténèbres d'une grotte – et avant même qu'elle pût terminer de parler, elle disparut en hurlant des jurons tandis que les paysans les plus hargneux, outils en mains, s'apprêtaient à balayer la mendiante.

      À la saison suivante, les villageois manquèrent de disparaître – les rizières, dont ils dépendaient, subirent un automne aride ; pas un grain ne jaillit du sol, il fallut nourrir les vieillards ou la jeunesse, les réserves se dissipèrent et un orage parmi les plus violents du siècle manqua de ravager les plantations que, selon les légendes, le dieu des rizières Inari lui-même planta. Car le village avait plus qu'une relation de terroir ou de tradition avec leur spécialité locale : ils vendaient de la graine d'ivoire, ainsi surnommée parce que nulle autre céréale n'atteignait sa blancheur ni son goût. Les seigneurs du pays du Feu s'y approvisionnaient depuis des siècles, et toute la cour y envoyait ses cuisiniers. Le village attira ainsi la jalousie de ses voisins, qui ne supportaient pas qu'une bourgade pourtant si proche d'eux bénéficiât d'un ciel et d'un sol plus riches que les leurs.

      Mais ils n'ignoraient pas l'origine d'une telle opulence : d'ailleurs, même un voyageur vierge de toute connaissance sur la région aurait pu deviner, à la ferveur religieuse des habitants et au nombre des temples, des autels et des statues de bois d'Inari, que cela avait quelque lien avec la divinité. Et c'était le cas ; on raconte qu'aux débuts de l'ère humaine, le kami des rizières, touché par la naïveté et la simplicité des hommes qui vivaient là, leur apporta sa science et offrit ses meilleures graines, en échange de quoi la communauté devait jurer un lien indéfectible avec leur dieu – ils devinrent donc très pieux, même durant les temps de luxe et d'abondance, et ne virent jamais dans les récits de leurs origines ce que les autres nommaient, en haussant les épaules par mépris, des légendes.

      Un monastère jaillit du sol près du village, accueillit des moines qui apprirent le maniement des armes et des poings (la jalousie de leurs voisins attirait bien des dangers) et vouèrent leur vie aux dieux de la région, tous descendants d'Inari, afin de maintenir le pacte qui les unissait à leur père et de ne jamais briser les vœux du village – sans quoi le don qu'ils avaient reçu du ciel reviendrait au ciel.

      Ainsi, lorsque les rizières manquèrent de disparaître cette année-là, les villageois cherchèrent la raison de leur malheur. Et voyant la prophétesse revenir vers décembre, ils se jetèrent aux pieds qu'ils avaient chassé, baisèrent les plaies brunâtres qui lui fendaient les talons, frottèrent ses jambes avec de l'alcool et, puisqu'elle connaissait le langage des dieux, lui demandèrent qui était responsable de leur perte. Alors, le doigt de la vieille, pareil à un branchage humain, se dirigea vers la colline voisine, au sommet de laquelle s'élevait, dans une nuée d'encens et de brume, le monastère d'Inari.

      Les moines ne pouvaient pas être responsables. Impossible. La foule s'agita. Pourtant, la vieille disait vraie. À l'intérieur, une jeune religieuse, placée ici par son père, un riche seigneur du pays qui ne voulait pas qu'elle se mariât à l'héritier de son rival, avait rompu ses vœux lorsque, le retrouvant un soir dans les bois voisins, elle offrit à son amant la plus précieuse part d'elle-même, qu'elle avait pourtant jurée de garder au nom de sa vocation religieuse. Le désastre climatique ne pouvait qu'être un avertissement des dieux ; à l'accouchement, disait la prophétesse, leur châtiment serait complet, et le village disparaîtrait des cartes du monde. Elle parvint à calmer la populace, qui demandait déjà la tête de la moniale ; puis elle vint prévenir la responsable des visions qui lui frappèrent les yeux, et ses mots retentirent jusqu'au bas de la colline, où les paysans armés attendaient, espérant que leur nouvelle meneuse leur demanderait d'avorter la mère de force.

      « Il sera honni des dieux, parce qu'il leur aura enlevé l'une de ses servantes ; et parce qu'il leur aura enlevé l'une de ses servantes, ils le maudiront à jamais ; ils feront pleuvoir des roches de feu sur le village qui aura écarté les cuisses pour le faire naître, et ils engloutiront sous des montagnes d'écume les montagnes voisines – pas un homme n'échappera à la furie de la Nature ; parce que la société qui jura dans sa totalité, aux débuts de l'ère humaine, devra s'éteindre quarante siècles après dans sa totalité. Avortez le garçon – s'il ne meurt de votre main, il mourra de celle des dieux. »

      La larme qui scintilla dans l’œil de la moniale ravit la prophétesse ; elle descendit du monastère, étouffa l'événement afin qu'il ne se répandît pas au-delà du village, et elle disparut à nouveau, annonçant les malheurs que ses serviteurs invisibles et messagers de l'au-delà lui murmuraient dans ses songes. Mais la prophétesse revint deux mois plus tard, traversant le village à une vitesse qu'elle n'égala peut-être jamais dans sa vie ; puis, lorsqu'elle atteignit le bas de la colline, l'écho des pleurs d'un nouveau né la saisit, comme si une main invisible et glacée lui serrait l'intérieur de la gorge. Il était né. Et les dieux, probablement, avaient déjà été avertis.

      Il devint difficile de raisonner la population qui s'apprêtait déjà à éventrer le garçonnet sur l'autel d'Inari ; la prophétesse parvint au lit de la moniale, l'y trouva affaiblie et aussi blanche que le riz du village ; et, lorsque les paysans virent que le bébé qu'elle tenait dans ses mains tremblantes n'était pas un monstre damné mais un garçon digne des plus belles peintures, ils baissèrent la pointe de leurs outils, parurent saisis de douceur ; alors, la volonté de le sauver à tout prix leur attendrit le cœur. Pour protéger le village et le monastère, la vieille prophétesse prendrait le garçon, l'amènerait au bout du pays, tout au sud. Elle lui donnerait une éducation, lui inventerait une histoire – et comme le voulait la tradition, le nouvel orphelin reçut le nom du dieu-protecteur de sa région natale.

      Il ne vit donc jamais un paysan du nord, et jamais il ne se demanda de quelles cuisses il était sorti. La maladie lui prit la prophétesse lorsqu'il atteignit ses dix ans ; néanmoins, avant de périr, sa mère d'adoption accomplit une dernière et heureuse prophétie, l'ayant attribué comme valet à un puissant seigneur de la ruralité – et l'homme avait bénéficié tant de fois des visions de la vieillarde qu'il se sentit le devoir de la remercier à travers son orphelin : il l'éleva comme l'un de ses autres fils, avec l'éducation et le traitement qui leur étaient dus ; aussi Inari ne toucha à un balais qu'une dizaine de jours, après quoi il devint valet du prince-héritier ; en bref, compagnon de jeu. La générosité du seigneur permit au garçon de bénéficier d'une éducation d'aristocrate : il se montra doué dans la science de la géométrie, mais son génie se développa vraiment avec la découverte de la poésie et du dessin, où il excellait tant qu'au bout de deux mois, il remplaça le précepteur auprès de ses aînés.

      Sa condition ne lui permettait néanmoins pas d'accéder à d'autre rang que celui de serviteur ; et même le niveau intellectuel qu'il avait atteint n'ouvrait aucune porte à sa carrière ; pas le moindre siège de fonctionnaire ne lui serait accordé, et l'amitié du seigneur se limitait à la prudence qu'il vouait à sa réputation ; car la cour le méprisait assez d'avoir accueilli comme un fils un gueux qui ne méritait pas même de servir de tabouret à son altesse. Déjà un semblant d'orgueil démangeait la conscience d'Inari ; il savait qu'aujourd'hui, valet de jeu, ne serait demain rien de plus que valet de guerre ou valet personnel. À sa situation sociale s'ajoutait sa réflexion spirituelle : le garçon savait qu'il avait été maudit par les dieux, qu'il était né d'un amour impur et que la superstition avait frappé ses premiers jours d'un sceau invisible mais permanent ; ce qui, dans sa vie intellectuelle, dans ses réflexions nombreuses, le laissait devant une impasse.

      Il décida donc de devenir moine. L'unique moyen pour un damné d'échapper à un mal divin, c'était de se repentir – de quitter tous ses biens, ses amours, ses proches ; de faire ainsi la preuve totale de son abnégation, et de dédier sa vie à la vie religieuse ; à chanter pour les dieux, à parfumer leur air d'encens, à leur gagner des fidèles et à veiller sur les habitants des villes qu'ils protégeaient ; bref, rejoindre un ordre monastique : se purifier.

      Les leçons qu'il reçut de ses supérieurs manquèrent plusieurs fois de le tuer ; leur rudesse renforça le corps d'Inari mais manqua de le déchirer tant ses maîtres du monastère avaient alors à cœur d'installer dans chaque ville du pays des religieux résistants aux climats les plus durs et aux luttes les plus éprouvantes. De l'aube à l'aurore, le monastère suait dans sa totalité, et seuls les vieillards, qui manquaient en marchant de glisser sur la pointe de leurs barbes, se déplaçaient avec légèreté, un bâton de bambou dans la main, saignant les muscles qu'ils voyaient inertes ou tétanisés par l'effort. Néanmoins, au bout d'une année, Inari ne connut plus jamais le lit de l'hôpital : il était désormais dans le rythme, et chaque mois qui passait le rendait physiquement plus dur. À l'âge de dix-huit ans, lorsque la majorité des garçons de l'époque s'engageaient dans des études militaires, il était déjà un roc, insensible à la douleur, inamovible, seul maître de ses mouvements ; et la douleur devint pour lui une sensation si lointaine qu'il l'oublia comme un parfum de jeunesse, ou une sucrerie qu'on ne goûte plus.

      L'autre avantage du monastère, c'était qu'on y enseignait l'art de la maîtrise du chakra – ce que les moines nommaient l'énergie spirituelle, parce qu'ils ignoraient encore toutes les recherches menées depuis, et qu'ils ne désiraient jamais le manipuler que pour « mieux vivre » ; non pour se battre.

      Néanmoins, au fond de lui, Inari espérait plus qu'une vie de simple moine ou d'homme de bibliothèque ; il aimait les livres, mais pas au point de passer sa vie à les lire ; il respectait les kamis et les traditions, mais il sentait bien qu'on ne pouvait vraiment accomplir leurs volontés qu'en dehors des monastères. Bien vite, la sensation d'être appelé ailleurs lui donna la volonté d'en partir dès que la Providence lui ouvrirait la porte.

      Lorsque le seigneur du Feu, par un appétit militaire propre aux nobles et aux puissants, voulut remplacer le drapeau de ses voisins par le sien, et étendre sa terre au détriment d'autrui, il imposa la prise des armes à toutes les couches de la population – même à celles qui étaient protégées par leur vocation religieuse. Aussi le monastère, s'il s'opposa d'abord à la décision avec d'autres ordres, dut se soumettre à la loi des hommes – et Inari vit là le moyen de quitter sa prison d'encens et de songes. Il répondit à l'appel de son seigneur, apprit le métier des armes, mit sa vigueur au service du pays du Feu et permit à ce dernier d'occuper une part plus grande sur la carte du monde.

      Elle lui permit aussi de rejoindre la garde personnelle du Daimyo. Par sa place, il vécut au cœur-même du palais de Hi, auprès de la noblesse et des mondains qui composaient alors la cour ; il goûta, cette fois à un autre niveau, aux plaisirs et aux douceurs qu'offrait la vie au sommet de l’État ; et ce fut dans cet atmosphère de parures et de luxe qu'il laissa son cœur s'attendrir par le charme d'une princesse de province ; laquelle ne résistait pas non plus aux attraits dont Inari ne manquait pas dans sa jeunesse. Elle lui broda ses vêtements, glissant ses cheveux pour dévoiler sa passion, et il lui dédiait les poèmes que, dans la solitude des campagnes ou des voyages diplomatiques, il écrivait tout en humant son mouchoir. Mais les kamis ne voulurent pas qu'une telle liaison arrachât Inari au destin âpre auquel il était prédestiné ; leur union accomplie, son âme aurait pris un chemin opposé, et le vieillard de pierre qui vivait aujourd'hui aurait été l'archétype de la bonté et de l'humanisme.

      Promise à un autre seigneur pour défendre les intérêts de son nom, la princesse disparut une nuit vers sa nouvelle résidence – elle précipita son départ afin qu'au matin, apprenant la nouvelle, Inarit ne pût la suivre. Et quoiqu'il demanda à tous ses proches, à tous les nobles qui lui voulaient du bien, à qui son aimée s'était unie, et à quel palais il devait se rendre, le principe des nobles les tut : il n'y avait alors rien de plus important que le mariage, arme diplomatique que les amourettes de deux gamins ne pouvaient contester.

      Après avoir été ainsi humilié par l'homme qui le sermonna, une bagarre s'en suivit ; on dit depuis que ce fut la raison pour laquelle le seigneur du Feu dut démettre de ses fonctions l'un de ses soldats pourtant promis à la plus belle des carrières et qui, disaient ses conseillers, lui aurait acquis à long terme des nations plus importantes que celles qu'il venait d'adjoindre à sa couronne. Mais rien n'y fit ; et Inari redevint aussi démuni qu'au départ.

      Une passion déçue mène les hommes pourtant les plus amoureux à détester l'amour ; aussi Inari poursuivit sa vie de moine avec une ardeur redoublée, voyant dans la soumission aux kamis et le désintérêt voire le mépris des voluptés un moyen de vengeance autant que de survie – car il ne cessait de penser à la seule femme qui gouvernât jamais son cœur – d'ailleurs, son mouchoir resta toujours dans sa poche. Avec les années, il gagna plus de rangs et son prestige s'accrut comme il se serait accru si l'homme n'avait pas quitté la vie militaire. Par sa documentation, ses lectures et ses méditations, son intérêt pour le Ninjutsu se développa également : il reçut des leçons, parfit son apprentissage, égala bientôt ses vieux maîtres ; et l'élément Katon reçut avec Inari l'un de ses plus admirables utilisateurs.

      Alors, tandis qu'il donnait à ses disciples la même formation qu'il avait reçue au monastère de ses jeunes années, un frisson parcourut le pays : une ville avait disparu de la surface de la terre ; bien des rumeurs mêlées noyèrent la première information dans une nasse de mensonges. Tandis que village par village, les populations quittaient les maisons de leurs ancêtres avec des coffres remplis en hâte, des seigneurs mal informés levaient leurs troupes, croyant subir l'invasion surprise d'un village voisin – mais il n'en était rien. Une plus grande menace avait ravagé dans son souffle la ville-martyre du pays de Hi : Kyuubi s'était réveillé de sa sieste séculaire, et la haine qu'il avait accumulée dans ses songes se déverserait partout, sans murs assez hauts pour lui résister, sans armées assez nombreuses pour l'abattre ; aucun sabre n'était assez tranchant pour s'en défaire, et la solution n'appartenait pas au monde matériel.

      Seule l'aide des dieux et de leurs messagers pouvait l'arrêter. En une nuit, une ferveur religieuse embrasa le cœur de la population, soit pour pardonner leurs fautes, soit pour trouver une solution face à Kyuubi. La figure du moine remplaça donc celle du noble : le pilier, l'unique sauveur de Hi ne pouvait qu'être un religieux. Et la solution vint bel et bien du religieux.

      Étant l'un des membres les plus respectés de son ordre, Inari ne put que rejoindre l'unité spéciale des moines sélectionnés par le Daimyo pour neutraliser le monstre avant le balayage d'une quatrième ville. Les moines étaient alors les plus grands spécialistes des arts ninjas alors naissants ; si Konoha depuis devint l'un des lieux où le Fuinjutsu se portât à un niveau inégalé, ce fut grâce aux mêmes barbes blanches qui traversèrent le pays vers la région qui n'avait plus de villes. Mais Inari ne se rendait pas au prochain lieu du crime par simple quête d'honneur ou par souci de développer ses dons : son aimée de toujours, la femme qui avait donné à sa vie une valeur nouvelle, avait été effacée avec le reste de son palais et de ses terres, la première nuit.

      Les moines avaient aussi à cœur, en secret, maintenant qu'ils étaient plus aimés que les nobles et qu'ils étaient seuls à pouvoir abattre le mal, de le posséder ; car qui, sinon eux, savaient honorer les dieux et leur vouer un culte ? Qui, sinon eux, pouvaient profiter de la situation chaotique du pays, de la chute de son administration, de l'impuissance de son armée, jusqu'à la remise en cause de l'utilité de sa noblesse, pour être portés par le peuple sur les trônes, réunir des sociétés désormais adoratrices des kamis autour des principes religieux, peut-être même remplacer le Daimyo par le supérieur général des ordres monastiques ; bref, mettre en œuvre leur plan de toujours ? La défaite de Kyuubi, c'était la victoire du sacré et de ses serviteurs. Les moines ne pouvaient échouer. Et, après plusieurs semaines de luttes, de prières et de tempêtes, ils n'échouèrent pas.

      Mais leur victoire militaire ne se mua malheureusement pas en victoire sociale : le peuple n'accueillit pas ses héros avec la même émotion qu'avant ; la famine, les maladies, l'appât du gain, du confort et de la survie rallia la population aux seuls hommes qui avaient de l'argent : la noblesse. Alors, lorsque les religieux apparurent sans armes, sans appuis, sans soutien, et qu'ils refusèrent de remettre aux autorités la bête qu'ils prévoyaient bel et bien de garder, le Daimyo, détenteur de la puissance matérielle, obtint ce qu'il désirait – et le premier jinchuriki de Kyuubi, le moine qui devait le maintenir à jamais au monastère, le maintint jusqu'à sa mort dans la prison secrète où le seigneur du Feu le jeta.

      Inari échappa aux massacres, probablement parce que sa volonté de vengeance et son affliction l'avaient subitement désintéressé de la question politique. Alors même qu'il était le théoricien de la société religieuse, qu'il n'avait de cesse, dans ses prêches, de vouloir faire du moine un décideur et non plus seulement un conseiller, il n'avait pas, à l'occasion précieuse qui s'offrait à lui, renversé le monde féodal pour le nouveau.

      Néanmoins, l'assassinat des supérieurs monastiques les plus influents durant la lutte politique qui opposa les moines au Daimyo lui permit de devenir l'unique pilier du monde religieux. À vrai dire, beaucoup pensèrent que le vieil homme n'était pas sorti de son deuil non pas seulement par désespoir, mais par tactique politique. Sa posture d'homme abattu lui donna l'image d'un véritable homme de foi auprès du Daimyo, mais surtout d'un homme ne représentant aucun danger. Il l'épargna donc durant sa purge, et lui ouvrit, malgré lui, une route sans rivaux vers le pouvoir ; car Kyuubi, Inari s'en moquait bien ; lui ne voyait pas dans la capture d'Kyuubi un moyen de gagner le pays, mais un moyen de gagner les monastères. Il y parvint. Depuis, nul n'osa jamais remettre en question le titre qu'il s'auto-attribua lors de la réunion d'urgence qui succéda à la purge, et qui devait décider des solutions à adopter quant au pouvoir central : cette solution, ce fut Inari.

      Le désormais supérieur prit une décision étonnante : la réconciliation avec le Daimyo. Alors que tous souhaitaient au moins ne pas souiller leur honneur en se soumettant symboliquement au pouvoir, et que les plus extrêmes – d'ailleurs proches d'Inari – ne comprenaient pas qu'un homme d'idées identiques aux leurs tendît la main vers la capitale, le maître rétablit la situation antérieure à la crise : les moines revinrent dans les villes, dans les conseils, dans les écoles ; ils jurèrent à nouveau fidélité aux seigneurs qu'ils servaient, priaient pour leur famille, organisaient les mariages ou les funérailles. Et Inari lui-même s'engagea dans la guerre suivante qui vit la naissance des villages ninjas. Tous comprirent alors pourquoi le vieil homme avait agi ainsi : l'objectif n'était pas de tendre la main par soumission, mais de se hisser en tirant sur l'autre. Le premier conflit qui incendia le monde lui en donna l'occasion. Les moines s'engagèrent dans le conflit pour Hi : les uns soignaient, les autres officiaient en tant qu'aumôniers auprès des nombreux morts des premiers jours ; certains servirent de diplomates afin de rallier les clans encore indécis du désert ; et de nombreux historiens remarquèrent depuis que l'action des religieux avait permis l'unité du village auquel la guerre donna le jour.

      À la bataille décisive d'Oni, alors que l'adversaire, épuisé comme l'était Konoha, mobilisa dans un effort suprême la totalité de ses forces, le général qu'Inari conseillait périt durant l'assaut ; les lignes des hommes du désert étant étalées afin de se prévenir d'un maximum d'attaques, les premiers rangs cédèrent bien vite à la masse d'assaillants qui les chargèrent ; et l'ouverture d'une brèche, accompagnée de la mort du général et de ses officiers, ne pouvait que précéder la signature d'un armistice. Alors, dans un réflexe dont l'Histoire se souvint, Inari retira sa robe de moine le temps de la bataille : il se saisit de l'armure sanglante du général, se ceint de son casque et ordonna que les sous-officiers fissent taire la rumeur de sa mort – car les troupes, déjà, s'éparpillaient par peur d'avoir été privées de leur chef. Inari réinstaura l'ordre et la discipline dans ses armées, ordonna une retraite générale qui étonna ses subalternes d'un jour – mais sa confiance les convainquit d'obéir à ses ordres, et avec rapidité, tous quittèrent leur position, donnant à l'armée adverse la certitude d'avoir triomphé.

      Néanmoins, Inari n'avait ordonné une retraite que pour mieux rassembler ses troupes. Celles-ci couvraient en effet une vaste zone, rendant impossible l'intrusion de l'unité la plus petite ; mais cet avantage était une faiblesse, car le nombre d'hommes par kilomètre était inférieur aux troupes d'en-face. En se repliant, les troupes de l'aile droite comme de l'aile gauche convergèrent vers un même point : et quand l'ennemi crut donner le coup final aux soldats qui s'étaient arrêtés sur ordre d'Inari, ils rencontrèrent un bloc humain qui, avec une rage inégalée, et sous les sermons de leur chef, décapita les armées de leurs voisins, tranchant d'un même coup d'épée comme le vent détache dans son souffle un arbre de ses feuilles.

      Au retour des troupes, la population forma une haine d'honneurs à son héros ; mais elle l'accueillit dans une civière et entouré de médecins. Durant le combat, le vieux moine reçut une blessure à l’œil et au genoux. Par jalousie, ses adversaires politiques le surnommèrent le « Mutile d'Oni » ; mais ce qu'ils crurent être une pique acide devint son titre de gloire.

      À son réveil, le vieux moine avait réalisé tous ses objectifs : la population connaissait son nom, il était l'un des derniers moines vivants à avoir survécu à Kyuubi, il pouvait témoigner du monde ancien et servir de pilier au nouveau, le Hikage le recevait dès qu'il le demandait, et plus personne n'osait remettre son autorité en question au monastère. Tous les outils étaient dans ses mains ; il n'attendait plus que le moment. Et, dirigeant son bras couvert de bandages vers sa table de chevet, il sortit d'une main tremblante le petit cahier de poèmes où il écrivait, chaque jour, comme le voulait la tradition des moines, relisant le quatrain de la dernière page, qu'il croyait encore être sans suite :

        « Il marchait dans sa gloire accompagnée de ceux
        Qui tinrent dans leur main la plume de l'Histoire.
        Mais l'âge lui prit tout. Et errant, malheureux,
        Il patiente à son tour aux rivages du soir. »

      Alors, repensant à la femme qu'il avait aimée, à la mère qu'il n'avait pas connue, à la prophétesse qui lui avait permis de survivre, aux maîtres qui l'avaient initié au Ninjutsu, aux dames qui avaient diverti ses nuits, à ses frères morts face à Kyuubi, aux hommes qui avaient disparu sous son commandement, et, surtout, au garçonnet naïf qu'il avait été, il saisit une plume, laissée là par une infirmière ; puis, d'un geste vif, traça la boucle d'une virgule au point qu'il croyait final ; certain que de nouvelles gloires, de nouveaux faits dignes de marquer la mémoire des hommes suivraient les pages vierges qu'il ajouta au livre de sa vie.

      Ne pensez pas que l'histoire qui s'achève ici n'aura pas de suite plus longue : « Un moine qui se dresse, c'est une montagne qui tremble » – Doctrine d'Inari, page 54, verset 22.

١ PSEUDO : Non.
١ ÂGE DU JOUEUR : Non.
١ DÉCOUVERTE DU FORUM : Non.
١ AVIS SUR LE FORUM : Je ne réponds qu'à trois questions par fiche. Vous trouverez mon livre d'or plus bas.
١ ASSIDUITÉ. 
١ PERSONNAGE PRÉFÉRÉ.



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Dernière édition par Inari le Dim 15 Fév - 9:20, édité 2 fois
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Inari
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MessageSujet: Re: Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... EmptyDim 15 Fév - 2:11

Double-message : Je REFUSE catégoriquement de me prendre la tête avec ce codage... Je n'ai fait que C/C mes textes dans les cases vides et il se tord comme un attardé. J'espère que le responsable S'EXPLOSERA les yeux en me lisant ! Bisous quand même.

Edit 15/02/15 : Finalement, le problème a été résolu.


Dernière édition par Inari le Dim 15 Fév - 8:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... EmptyDim 15 Fév - 4:58

Je me garde un avis*

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MessageSujet: Re: Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... EmptyDim 15 Fév - 14:04


L'évaluation












× L'heure du jugement est arrivée ♪ ×


Bienvenue,enfoiré

Les +
- Peu de fautes, voire aucune.
- Le respect du français.
- Conjugaison.
- Description.
- Originalité.


Les -
- Certaines phrases peu développées.
- Balzac.
- Mauvaises comparaisons.

Verdict

Je ne vois pas comment je pourrais refuser le rang S. Molière c'est dix fois mieux, donc t'es validé rang A.



La Suite

Maintenant que tu es validé, tu peux enfin passer à la suite des choses! Voici quelque liens qui te seront des plus utiles pour poursuivre ton aventure parmi nous!

-Avant de partir au combat, tu pourras faire ta fiche technique ICI

-Une fois le tout fait, si tu n'as pas de partenaire avec qui rp, tu peux en faire la demande ICI

-Quand le rp sera terminé, tu pourras le faire corriger et ainsi avoir ton expérience en faisant une demande ICI

-Après cela, si tu veux, tu pourras venir te détendre ICI et ICI

-Finalement, si tu as des questions, ne te gènes pas et viens les poser ICI




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MessageSujet: Re: Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... EmptyLun 16 Fév - 7:46


L'évaluation












× L'heure du jugement est arrivée ♪ ×
Non, je ne regrette rien by Edith Piaf on Grooveshark

Messire, je vous souhaite la bienvenue sur notre humble forum, j'espère que vous pourrez vous y plaire, du moins tout autant que j'ai été en mesure de le faire en savourant votre fiche à la splendeur smaragdine.

Les +

- Ton personnage polymathe est extrêmement intéressant et rafraîchissant, je n'ai rien à dire de plus, car c'est excellent.

- Ta fiche à causé en moi un priapisme qui semble immarcescible. (En gros, j'ai kiffé ton histoire, le tout est savamment orchestré, c'est tout simplement enivrant, ton vocabulaire est riche, juste, tu possèdes un excellent niveau, cela est d'une évidence même.)

- Ton laconique personnage sera une merveille à voir évoluer inrp, j'ai déjà hâte, sincèrement.

Les -

- Tu as commis quelque petites erreurs au niveau du contexte, mais celui de Konoha étant labile, je n'en tiendrai pas vraiment rigueur.

-Sinon, Atra a effectivement mentionné quelque petit lacunes, des minuscules lacunes.

-J'aurais aimé en voir plus, une fiche de cette qualité me laisse sur mon appétit, c'est comme si tu me faisais des préliminaires sans aller plus loin, niveau quantité, c'est juste, mais la qualité vient balancer le tout.

Verdict

J'ai adoré, ne tournons pas autours du pot, si Atra te donne le S, c'est que tu le mérites, je vais abonder dans le même sens. Ah et pour les gens qui ne voit pas le hide, Atra donne le S à Inari, c'est une blague le A, Atra est un farceur hihi.

PS: ensemble nous vivrons l'épectase.


La Suite

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Uchiha Kodaî
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MessageSujet: Re: Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... EmptyLun 16 Fév - 22:24

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MessageSujet: Re: Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre... Empty

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Inutile de me présenter, mais j'aime tant parler de mon œuvre...

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