« Perte d'une vie pour la renaissance de l'âme. »

La solitude. Tout le monde connaît sa définition, mais peu ont eu le malheur d'y goûter. Ces regards remplis de dégoût, de haine, t'observent parce que tu es différente, parce que tu n'as pas ta place. Tu ressens par la suite des douleurs morales ainsi que physiques. Tu souffres. Tu pleures. Tu pries les cieux pour disparaître de ce monde. Tu as l'impression d'être une moins que rien, et que ce châtiment divin était mérité. Tu regrettes. Tu voulais changer les choses.. Mais il était trop tard. Tu étais seule, avec ce passé qui te suivais. Tu n'avais plus rien Hikari Rei.

Lorsque tu naquis, tes parents étaient joyeux, même si ton père aurait préféré tout d'abord un garçon. Ils t'ont nommée Hikari Rei. Pourquoi Rei comme deuxième prénom ? Tout simplement car c'était une tradition dans la famille maternelle ( chaque fille devait avoir ce deuxième prénom du clan Yami pour être reconnaissable, chaque femme avait un prénom propre suivit de "Rei" ). Tu devais prendre le nom de famille de ta mère également, qui en l'observant était assez péjoratif, et paradoxal à ton prénom: " La lumière des ténèbres ". Peu importe ce que les gens pourraient penser, tu allais devenir une fille douée, une fille vouée à un avenir prometteur. C'était beau de rêver.

Les Yamis étaient une famille assez isolée, et peu connue. L'espérance de vie de ce clan était faible. Une simple rumeur ou légende disait que votre famille appartenait au diable, et que tous les malheurs étaient causés par votre présence. Certains y croyaient -c'était assez simple de lancer la faute sur quelqu'un quand on avait souffert-. Votre famille était rejetée, discriminée pour des raisons bien trop futiles. Toi, tu ignorais tout ça. Pendant que les enfants s'amusaient entre eux, toi tu étais seule, tu les observais, tu restais avec ton seul ami: Kitsune, que tu appelles simplement "Kitsu-kun". C'était un renard, pourtant il avait bien plus d'humanité que ces villageois superstitieux. Tu souffrais et tes parents en avaient conscience. C'est alors que vous alliez changer de pays. Du pays de l'eau à celui du feu. Personne ne connaissait ce clan là-bas alors autant en profiter. Lors du grand départ tu avais 7 ans.

Tu étais bien trop candide, tu allais t'amener à ta propre perte. Bagages mis en place et toi et tes parents prêts à partir: tout était en place. Tu chantonnais. Tu semblais plus  heureuse que jamais. Malgré ton âge, tu avais compris l'importance de ce déménagement. Quelle perspicacité. Kitsune, râleur de première catégorie était pour une fois heureux: ses maîtres semblaient ravis de ce nouveau départ, pourquoi ne le serait-il pas aussi ? Ton père Kuzune était assez perplexe depuis le début de votre grande marche, il avait un mauvais pressentiment. Ayumi aussi attentionnée, et ravissante soit-elle, te porta sur le dos, vous chantiez des chansons chacun votre tour. C'était la première fois que vous étiez aussi heureuses.

Marchez, marchez vers votre perte, qui sait elle sera bien mieux que votre passé.

Le temps s'arrêta, tu t'inquiétais, ton renard te servait de défense, tes parents te protégeaient. Tu ne comprenais rien. Ces hommes, tu les avais déjà vu dans le village reculé du pays de Kiri. Ils habitaient là bas ! Tu les voyais tous les jours, ils étaient souriants, et devaient être les seuls adultes qui "semblaient" t'apprécier. Les parents ne comprenaient pas. Ils avaient faits en sorte de rendre leur fuite secrète, d'où le fait d'y être parti la nuit. Cela semblait logique, sauf cette attaque. Qui les avait prévenu.. La réponse était si évidente après tout.

Tu avais peur, enfin pas au début. Tu les voyais courir vers toi avec des regards inexpressifs. Tu pensais que tout était fini que tu allais mourir. Mais tes parents n'allaient pas t'oublier aussi facilement. Ils allaient te sauver, et vous alliez continuer votre route. Un combat débuta. Tu étais la spectatrice de ce massacre. Ces ennemis étaient forts, ta mère n'allait pas tenir longtemps -elle était malade après tout-. Ton cœur pleurait, et ton visage resta muet. Techniquement tes parents n'étaient pas des ninjas, ils ne pouvaient donc pas tenir. Ils essayaient de t'assurer que tout allait bien. Mais non.

Terminé.

Qui avait gagné ?

Pas tes parents en tout cas.
Pas les ninjas en tout cas.

Dans ce bain de sang, tu pataugeais.  Les yeux blancs des seuls êtres ayant ressentis quelque chose pour toi, te donnaient un énorme frisson. Kitsune était là, malgré son visage rempli de sang, rempli de chair. Il avait sauvé tes parents, mais bien trop tard. Ton regard était devenu sombre. Tu avais peur. Tu voulais rejoindre tes parents. Tu ne disais plus rien. Tu abandonnas le corps de tes parents. Tu perdais à chaque pas tes sentiments. Tu voulais marcher vers ce monde meilleur où tes parents voulaient t'emmener.  Tu ne savais pas où, tu suivrais ton renard.

Des journées s'achevèrent, tout comme ton bonheur. Une voix mortuaire sortant de tes lèvres, tu chantais la Mort. Cette chanson était celle que ta mère te la récitait avec douceur, amour chaque soir. Mais au fil de ces soirées, c'était désormais à ton tour de la chanter. Mais ton humeur détériorait la joie de ce chant.

« Souries ma princesse. Tu as le temps de te trouver ton prince charmant. Il sera celui que tu rêvais depuis longtemps. Ton bonheur sera le votre. Crois-y ! Souhaite-le de toutes tes forces ! Et il appa.. apparaîtra. »

Tu passais les frontières en compagnie de ton renard. Tu espérais que ce village allait devenir le tien. Tu étais hélas encore seule. Tu arrivas au village caché de la Feuille. Cet endroit semblait animé et festif même la soirée. Tu regardais via un arbre, les habitants au centre ville. Tu étais isolée, tu les enviais. Un homme t'avait remarqué, assez vieux, mais semblait fort sympathique. Il s'assit à côté de toi assez perplexe. Il ne t'avait jamais vu, mais te faisait confiance, enfin il essayait de le faire paraître. Tu essuyais tes perles cristallines, pour le regarder. Aussi candide étais tu, tu lui racontas ta péripétie. Il n'y croyait pas, tu avais fais tout ce trajet seule et tu avais perdu tes parents. Un silence se créa. Puis il t'ébouriffa les cheveux avec un sourire.

« Hikari Rei c'est ça..? À présent tu vivras à mes côtés. J'irai prévenir de ta présence à l'Hokage. »

Tu étais silencieuse, mais assez ravie qu'il t'accepte sans soucis. C'était le début de ton renouveau. Tu n'allais pas laisser ce passé derrière toi, il allait devenir ta force. Tu allais venger tes parents comme il le fallait. Tu allais devenir désormais une kunoichi.